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Les îles de déchets plastiques tuent 1,5 million d'animaux par an

18 octobre 2014

 

Ces amas dérivant sur les océans sont un piège pour les tortues, poissons et dauphins.

 

 

 

 

Un million et demi d’animaux meurent par an, victimes des déchets plastiques abandonnés dans les océans. Et le problème risque de s’aggraver, affirme Laurence Maurice, une des responsables de l’Institut français de recherche pour le développement (IRD), dans un entretien à l’AFP.

 

Oiseaux, poissons, baleines, tortues... «Chaque année, les plastiques tuent 1,5 million d’animaux», affirme cette directrice de recherches, rencontrée lors de la «Semaine française de l’Eau», un forum organisé cette semaine à Quito en Equateur.

 

Les études récentes de l’IRD, présentées lors de cette rencontre scientifique, alertent face à un danger baptisé «le septième continent». Il s’agit d'«îles» constituées de déchets dérivant sur les océans Pacifique, Atlantique et Indien.

 

«Dans le Pacifique Nord, 30% des poissons ont ingéré du plastique durant leur cycle de vie», signale Laurence Maurice.

 

Cet océan abrite la principale «île» de déchets recensée jusqu’ici. C’est en 1997 qu’elle fut repérée pour la première fois entre les côtes de Californie et de Hawaï. Sa taille a depuis triplé pour atteindre aujourd’hui quelque 3,5 millions de kilomètres carrés, soit sept fois la France.

 

Elle croît annuellement de «80.000 km2», selon la chercheuse de l’IRD, spécialiste en hydrochimie.

 

En 2011, la Société pour la conservation des baleines et des dauphins avait déjà lancé l’alerte en expliquant que les déchets plastiques constituaient une menace létale pour ces animaux «à la fois par ingestion et par enchevêtrement».

 

Dès 2012, la prestigieuse revue Biology Letters qualifiait de «soupe mortelle» ces plaques composées de résidus de plastique, retrouvés parfois jusqu’à 1.500 mètres de profondeur.

 

Des estomacs remplis de plastique

 

Entraînées par les courants marins, ces «îles» se retrouvent bloquées dans des tourbillons océaniques, sans possibilité de biodégradation.

 

Ainsi, une bouteille «ne va pas se dégrader car l’action des bactéries et des champignons n’attaque pas le plastique», rappelle l’experte de l’IRD, précisant que 80% du plastique composant ces déchets est du polyéthylène, un polymère simple et bon marché réputé pour être extrêmement résistant.

 

Lors de sa conférence à Quito, Laurence Maurice a expliqué que les espèces marines confondaient les résidus plastiques avec des aliments. Des aliments empoisonnés puisque leur ingestion peut s’avérer fatale.

 

«Dans un cachalot, on a retrouvé des éléments de serre pour la culture des tomates, qui avaient été détruits lors d’une tempête et se sont retrouvés dans la mer», raconte-t-elle. Du corps du cétacé ont été extraits pas moins de 20 kilogrammes de plastique.

 

Les oiseaux marins constituent aussi des victimes de ce phénomène, à l’image des albatros qui scrutent la surface des eaux à la recherche de nourriture pour l’apporter à leurs bébés.

 

«Un jeune albatros a été découvert mort, l’estomac rempli de plastiques car ses parents avaient confondu des couvercles de bouteilles avec des aliments», explique encore la chercheuse française.

 

AFP

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